Introduction

 

Révérends Frères,

Révérendes Sœurs

Cher(e)s Novices et Postulant(e)s

Chers Laïcs membres de la Communauté Arbre de Vie Divine (CAVD)

 

Toute la Communauté Arbre de Vie Divine s’incline en reconnaissance devant l’Amour inconditionnel du Maître de l’Histoire qui nous ouvre les portes de cette nouvelle année !Frères et Sœurs, nous devons  rendre grâce pour ce que Dieu a réalisé dans notre Famille religieuse, non point pour en tirer gloire nous-mêmes, mais pour nous prosterner à ses pieds, pleins de reconnaissance.

Comment ne pas être rempli de gratitude envers le Seigneur qui nous conduit de sa main vers la célébration du dixième anniversaire de notre Famille religieuse ?Il est bon de prendre conscience des dons de Dieu et dans cette lumière-là, il convient de nous focaliser sur notre mission et notre identité au début de l’année qui nous est offerte comme une épiphanie particulière de l’amour miséricordieux de Dieu! En effet, le disciple, pour être un authentique prophète et témoin de Dieu et de son Royaume, sait qu’il doit se tourner humblement vers Celui qui l’envoie «enseigner et annoncer la Bonne Nouvelle» (cf. Ac. 5, 45). Je commencerai mes vœux avec une pensée de gratitude pour les Laïcs qui impriment leurs marques dans l’histoire de notre Famille religieuse, d’une façon discrète mais efficace.

  

1- Chers Laïcs, membres de la CAVD

Je voudrais vous remercier tous pour le précieux service que vous rendez à l’Église et à la CAVD en faisant de votre vie un lieu fécond pour l’Evangile. En fait c’est bien là l’un des rêves du Concile Vatican II : permettre à un nombre toujours croissant de chrétiens de s’engager à vivre, de façon consciente et cohérente, leur sacerdoce de baptisés, en tant que pierres de l’édifice du Christ, citoyens et protagonistes.

Les laïcs apportent à la CAVD une contribution apostolique remarquable, sous des formes variées qui permettent d’étendre le Règne de Dieu «dans tous les divers devoirs et travaux du monde, dans les conditions ordinaires de la vie familiale et sociale dont leur existence est comme tissée» (Lumen gentium, 31). L’histoire de l’Église requiert sans cesse de nouveaux apôtres qui annoncent l’Evangile avec zèle et qui participent à l’avènement d’une aube nouvelle pour l’humanité. Au cœur des situations et des problèmes qui émaillent l’existence humaine, le laïc doit en particulier, être le témoin d’une humanité nouvelle. Il doit être capable de créer de nouveaux espaces où l’on puisse faire l’expérience de la fraternité. L’Église a besoin de voir en vous des missionnaires de l’Évangile qui pénètrent tout le tissu de la vie sociale.

Je demande en cette année nouvelle que chacun de vous soit le levain dans la pâte au sein de la vie familiale, sociale, économique, politique, afin d’évangéliser les mentalités qui luttent contre Dieu. La tâche qui est la vôtre est exaltante et exigeante.  Mais vous le savez bien : des tâches aussi exigeantes ne pourront être assumées que si vous demeurez solidement enracinés en celui qui fait porter du fruit. Que le Seigneur daigne saisir toutes les ressources de votre corps, de votre esprit, de votre cœur, pour leur faire porter du fruit, pour les renouveler dans son amour. La Communauté Arbre de Vie Divine sait qu’elle peut compter sur vous pour continuer d’incarner au sein de la société les idéaux qui fondent son charisme et son identité. Allez donc au-devant des défis qui vous attendent avec une grande confiance tout au long de cette année nouvelle, en communion avec les Consacrés vers qui je me tourne à présent en reprenant les trois conseils évangéliques.

2- Chers Frères et Sœurs de la Vie consacrée

Je voudrais que la CAVD, une fois encore s’appuie fermement sur le roc solide qu’est le Christ chaste, pauvre et obéissant qui adresse à chaque membre l’invitation, mieux cette exhortation à être un témoin de l’amour à travers la chasteté qui rend le cœur plus disponible, la pauvreté qui détruit les barrières et l’obéissance qui consolide la communion dans la Communauté, dans l’Église et dans le monde.

La Pauvreté

Celui qui veut suivre le Christ de manière radicale doit imiter sa pauvreté, comme une manière de devenir libre intérieurement pour son prochain. Pour tous les chrétiens, mais en particulier pour nous prêtres, pour les religieux et les religieuses, ainsi que pour les communautés, la question de la pauvreté et des pauvres doit être constamment l’objet d’un sévère examen de conscience.

«Vous connaissez en effet la générosité de notre Seigneur Jésus Christ: lui qui est riche, il est devenu pauvre à cause de vous, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté» (cf. 2 Co 8, 9). La vie spirituelle et l’action apostolique de notre famille religieuse doivent toujours être  profondément marquées par cette contemplation du visage du Christ qui s’est dépouillé pour nous. Une telle attitude spirituelle est essentielle pour la fécondité de notre ministère.

Ne vous découragez donc pas si vous rencontrez des difficultés. Le Seigneur est avec vous, il vous précède et vous suit dans la fidélité à son amour. Le témoignage fort et libre de votre vœu de pauvreté, vécu avec amour et dans la joie, est nécessaire pour que le monde comprenne que Dieu avec son amour salvifique est l’unique nécessaire qui ennoblit et que c’est lui qui nous donne un trésor qui ne s’épuise jamais.

Dans la contemplation du Christ pauvre, vous trouverez une inspiration non seulement pour pratiquer personnellement une vie pauvre, mais également pour aimer et servir les pauvres, que le Pape Paul VI désigna comme un «sacrement» du Christ (Acta Apostolicae Sedis, 60 1968, 620). Je tiens donc à souligner ce deuxième aspect: le service des pauvres.

Mes Frères et Sœurs, faites l’impossible pour aller spontanément et généreusement vers les plus pauvres! Ils sont si nombreux autour de nous et tant de personnes détournent leurs regards en les voyant. Qu’ils ne soient jamais loin de vos cœurs! Je les recommande à votre charité, que dis-je, à la charité de Dieu qui brûle en vos cœurs. « Le Christ contemplé dans la prière est Celui-là même qui vit et souffre dans les pauvres» (Vita consecrata, n. 82). Plus vous serez disponibles pour les plus pauvres, plus vous sentirez se répandre en vos cœurs les sentiments qui étaient ceux du Christ. Ce que vous avez à donner aux pauvres, faites-le sans attendre. «L’avoir à donner n’est qu’une orientation. Qu’on ne s’inquiète pas de ce que cela ne suffit pas. Une seule chose importe : «aimer donner» et la joie dans ce geste très simple consistera à «faire plaisir», à «rendre heureux» (cf. Mgr Isaac Jogues Gaglo, Puissance de la Croix, Victoire du Crucifié, p.19). L’évangéliste Jean dit: «Dieu, personne ne l’a jamais contemplé; Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, en nous son amour est accompli» (1 Jn 4, 12). La Parole de Dieu nous rappelle que telle est notre mission: communiquer aux autres l’amour divin, à travers notre amour fraternel et serviable. Une main tendue, une présence attentive peuvent faire naitre l’espérance et rallumer ou raviver la flamme de la foi.

Je voudrais tant que chacun de vous soit davantage pénétré de cette ardeur radicale qui poussait Saint Vincent de Paul à dire: «Vous avez droit uniquement au vêtement et à la nourriture, le reste appartient aux pauvres» (P. Coste, CM, Ecrits et Conférences de Saint Vincent, tome. X). À l’image du Christ Bon Berger, allez à la recherche de chaque homme, chaque femme, enfant, jeune, ou personne âgée, qui attend un geste d’affection, de solidarité et de partage fraternel dans sa situation de pauvreté matérielle ou morale et spirituelle. N’hésitez pas à reproduire autant de fois que vous le pouvez, la parabole du Bon Samaritain que l’évangéliste Luc nous relate (cf. Lc 10,30). «C’est une parabole puissante (…). C’est une parabole personnelle. (…) C’est une parabole pastorale, riche du mystère du souci de l’autre, enraciné au cœur de la culture humaine: le Bon Samaritain se tourne vers son nouveau prochain et s’occupe de lui qui a tant besoin d’aide. Voilà une parabole essentiellement pratique (…)» (cf. Card. Paul Poupard, Président du Conseil Pontifical de la Culture, 30 Juin 1997).

 

Demeurez des hommes de prière et de contemplation, des âmes assoiffées de Dieu seul. Détachez-vous du rien pour vous attacher au Tout, par le renoncement, la pauvreté et l’humilité. Je souhaite que la CAVD ne perde jamais l’urgence de cet appel du Seigneur qui m’a été adressé : «Sois attentif aux cris des malheureux» (cf. Mgr Isaac Jogues Gaglo, Puissance de la Croix, Victoire du Crucifié, p.30). L’Église est la famille de Dieu dans le monde. Dans cette famille, personne ne doit souffrir par manque du nécessaire. Que le Seigneur vous aide dans votre témoignage quotidien.

L’Obéissance

D’une façon générale, le cœur de l’homme ne trouve la paix que dans l’obéissance à Dieu. L’obéissance de l’envoyé est la condition de sa fécondité apostolique. En adoptant un mode de vie simple, vous rappelez sans cesse le détachement nécessaire à tout chrétien appelé à investir pleinement dans les valeurs évangéliques de l’amour de Dieu et du prochain. Nos cœurs doivent s’élever vers Dieu qui nous envoie en mission. Nous devons l’écouter, écouter sa voix, dans une attitude d’adoration et de profonde humilité.

De fait, au prix du renoncement à sa volonté propre, le Christ a assumé notre fragilité pour nous élever à la dignité de cohéritiers avec lui dans le Royaume de son Père. Du mystère de la Nativité jusqu’à sa mort sur la Croix il a docilement obéi à Dieu le Père. Par exemple, la nuit sur le Mont des Oliviers il dira: «Que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne». Ainsi Jésus nous montre la voie vers la gloire, à travers l’obéissance. Jésus savait écouter et obéir. En s’abandonnant à la volonté du Père, les consacrés trouvent le chemin vers une profonde liberté intérieure. En Jésus, celui qui se donne se trouve lui-même, et l’âme qui se lie par obéissance à Dieu verra son identité enrichie. Ce n’est qu’en entrant dans la volonté de Dieu que nous atteignons notre véritable identité. Chers membres de la CAVD, sur les traces du Christ, Serviteur obéissant, soyez toujours prêts à accueillir avec joie le dessein de Dieu sur vous. Saint Paul écrit : «Lui qui était dans la condition de Dieu, il n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu; mais au contraire, il se dépouilla en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix» (Ph 2, 6-8).

Ceci nous rappelle l’importance du dépouillement, comme condition de notre fécondité. Vous êtes appelés à montrer par votre vie, que la vraie liberté consiste à marcher librement sur le chemin de l’obéissance. Gardez en mémoire le cri du Sauveur sur le Calvaire : «Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi! Cependant non pas comme je veux, mais comme tu veux» (Mt 26, 39).

La Chasteté

L’Évangile ne cesse de montrer comment Jésus a vécu la chasteté. Dans ses relations humaines, il rejoint parfaitement la personnalité profonde de l’autre. Sa simplicité, son respect, sa bonté, son art de susciter le meilleur dans le cœur des personnes rencontrées, bouleversent la Samaritaine, la femme adultère et tant d’autres gens sur son parcours. Je souhaite en cette année nouvelle que votre vœu de chasteté vous pousse à rejoindre vos frères et sœurs dans les situations concrètes qui sont les leurs!

Tant de gens, sont désespérés! Montrez-leur avec prudence la chaleur de votre affection à la manière du Christ. Pour bien comprendre ce que signifie la chasteté, il faut regarder vers le Christ qui a vécu selon une double orientation : tourné vers le Père et vers les hommes. Les Saintes Ecritures nous le montrent en prière. Il passe de longues heures en dialogue avec le Père. Ce dialogue le ramenait ensuite et toujours vers nous. Jésus a aimé l’humanité à partir du Père. La chasteté nous place totalement et sans réserve au service du Royaume de Dieu et ainsi au service des hommes. Pour ce faire, chacun doit puiser le dynamisme vital dans l’Eucharistie «sacrement d’amour, signe d’unité, lien de charité» (cf. Sacrosanctum Concilium, 47).

1- L’Eucharistie

Chers Frères et Sœurs, pour rayonner, une communauté religieuse doit être visible et vivante, avec des personnes complémentaires dans leurs dons et dans leurs fonctions. C’est l’image que vos communautés locales doivent renvoyer au monde. Il importe également que les Communautés locales soient marquées par un noble esprit de partage à la fois humble et authentique dans la recherche du Seigneur, dans les joies et les souffrances humaines et apostoliques. Soutenez-vous réciproquement. D’abord dans la prière, ensuite par des paroles et des gestes charitables qui aident l’autre à avancer. L’Eucharistie est la voie sûre de la communion, de l’union et de l’unité avec Dieu dans le Christ, c’est l’assurance de la communion les uns avec les autres, dans l’amour fraternel. L’Eucharistie fait de la Communauté «un seul Corps et un seul Esprit» (Eph. 4, 4).

Conclusion

Chers tous, n’oubliez pas que «l’indispensable intimité avec Dieu entraîne à un dévouement émouvant sous la motion de l’Esprit» (cf. Mgr Isaac Jogues Gaglo, Puissance de la Croix, Victoire du Crucifié, p. 37). En vous confiant à la grâce du Seigneur qui ne cesse d’accomplir des merveilles dans notre vie, je demande à chaque membre de notre Communauté de renouveler d’engagement et d’ardeur devant la mission. Il y a tant à faire. «Où puiser l’énergie nécessaire pour se vouer à ces œuvres auxquelles Dieu appelle ? La source se trouve en celui qui confie la mission» (cf. Mgr Isaac Jogues Gaglo, Puissance de la Croix, Victoire du Crucifié, p. 35). Que le Seigneur vous fortifie afin que vous deveniez davantage sel et lumière, témoins vivants de l’espérance dont rayonne le «nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire» (cf. Lc.2, 12).

 

Chers membres de la CAVD, voilà ce que je tenais à vous dire au seuil de cette nouvelle année que je vous souhaite comblée de bénédictions et d’actions apostoliques fécondes.